L’OMS recommande des méthodes non pharmacologiques pour le contrôle de la douleur pendant le travail, englobant à la fois les thérapies biomécaniques et psychologiques Un essai randomisé Brésilien incluant 200 femmes enceintes en phase active du 1er stade de travail a démontré les effets des mouvements pelviens sur un ballon de Klein pendant le travail, celui-ci favoriserait un accouchement physiologique, avec moins de césarienne en urgence.
Il est intéressant de voir comment cette méthode non pharmacologique peut avoir un impact positif sur la durée du travail, sur le ressenti de la douleur, la diminution du risque de césarienne et d’autres aspects de l’accouchement. Il est reconnu que le mouvement en général, quelque soit la méthode, durant le travail est un facilitateur pour un accouchement physiologique, sans péridurale.
Voici l’étude :
Un essai randomisé brésilien a inclus 200 femmes enceintes en phase active du premier stade du travail, présentant une grossesse mono fœtale à terme, à faible risque, avec un fœtus en présentation céphaliques, c’est-à-dire tête en bas. Les participantes ont été affectées soit à des exercices actifs sur ballon de Klein (antéversions et rétroversions pelviennes, inclinaisons latérales du bassin et mouvements circulaires de la hanche) dans le groupe expérimental, soit au groupe témoin (soins habituels). Les deux groupes ont été autorisés à marcher et à se doucher.
Le critère de jugement principal était la durée de la première étape du travail. Les critères de jugement secondaires étaient la durée de la deuxième phase du travail, l’intensité de la douleur, le mode d’accouchement, l’utilisation de médicaments, le gonflement vulvaire, la fatigue, l’anxiété, la satisfaction et les résultats néonatals.
A l’analyse, les résultats montrent que l’intervention a réduit la durée du travail de 179 minutes soit plus de trois heures ! (IC 95 % 146 à 213) pour la première phase et de 19 minutes (IC 95 % 13 à 25) pour la deuxième phase.
Il a diminué la douleur d’environ 2 points (IC 95 % 2 à 2) sur une échelle de 0 à 10, à 30, 60 et 90 minutes.
Il a réduit le risque de césarienne (réduction du risque absolu ARR 0,14 [IC 95 % 0,03 à 0,25] ; nombre de patientes à traiter NNT 7 (IC 95 % 4 à 32]) et de gonflement vulvaire (ARR 0,11 [IC 95 % 0,03 à 0,19] ; NNT 9 [IC 95 % 5 à 31]).
Il a réduit la fatigue de 18 points (IC 95 % 16 à 21) sur une échelle de 15 à 75 points et l’anxiété de 9 points (IC 95 % 8 à 11) sur une échelle de 18 à 72 points.
D’autres effets étaient négligeables ou incertains. Les groupes ont eu des résultats similaires en ce qui concerne l’accouchement instrumental, l’épisiotomie, le nombre de sutures, l’utilisation de l’analgésie péridurale, le risque de gonflement du col de l’utérus et les résultats néonatals.
Cette étude a révélé que l’utilisation de mouvements pelviens actifs sur un ballon de Klein, par rapport aux soins habituels, réduisait la durée du travail, l’intensité de la douleur, le risque de césarienne et de gonflement vulvaire, tout en diminuant l’anxiété et la fatigue. Plusieurs effets dépassaient le plus petit effet valable. De plus, la satisfaction à l’égard des exercices était élevée pour les femmes du groupe d’intervention.
Si une comparaison indirecte était effectuée entre les données de l’étude et les résultats de la revue systématique Cochrane sur la liberté de mouvement et la marche pendant le travail (2, 3), il y aurait une différence de plus de 97 minutes en faveur du protocole utilisé dans la présente étude par rapport à la durée de la première étape du travail.
De plus, une réduction de 19 minutes a été constatée au cours de la deuxième phase du travail. Lors de l’accouchement, le bassin s’adapte en permanence en fonction de la station et de la descente du fœtus, et ces mouvements d’antéversion et de rétroversion semblent aider à d’élargir le diamètre du bassin supérieur et inférieur, tandis que le mouvement du sacrum de nutation et de contre-nutation semble aider à ouvrir le bassin au début de l’accouchement jusqu’à ce que le fœtus atteigne le périnée.
De plus, l’utilisation du ballon semble réduire la douleur qui provient de la distension des tissus utérins et de la dilatation cervicale et qui est transmise par les nerfs rachidiens T10-L1. Lorsque les hanches sont placées en rotation externe, les neurofilaments des articulations sacro-iliaques sont relâchés, ce qui expliquerait un plus grand soulagement de la douleur.
En somme, faire des mouvements actifs sur un ballon de Klein lors d’un accouchement, ce n’est pas ludique, c’est réellement utile !
Il est toujours encourageant de découvrir des approches qui peuvent aider les femmes enceintes à vivre un accouchement plus confortable et positif. Si vous avez des questions, ou avez besoins de plus d’informations, n’hésitez pas à demander.
Barbara BOUTIN Consultante Périnatale
RÉFÉRENCES
(1) Delgado A, Amorim MM, Oliveira ADAP, Souza Amorim KC, Selva MW, Silva YE, Lemos A, Katz L. Active pelvic movements on a Swiss ball reduced labour duration, pain, fatigue and anxiety in parturient women: a randomised trial. J Physiother. 2024 Jan;70(1):25-32. doi: 10.1016/j.jphys.2023.11.001.(2) Jones L, Othman M, Dowswell T, Alfirevic Z, Gates S, Newburn M, Jordan S, Lavender T, Neilson JP. Pain management for women in labour: an overview of systematic reviews. Cochrane Database Syst Rev. 2012 Mar 14;2012(3):CD009234. doi: 10.1002/14651858.CD009234.pub2.(3) Lawrence A, Lewis L, Hofmeyr GJ, Styles C. Maternal positions and mobility during first stage labour. Cochrane Database Syst Rev. 2013 Oct 9;(10):CD003934. doi: 10.1002/14651858.CD003934.pub4.
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